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Base de connaissances

Convention d’actionnaires : clauses, utilité et cadre juridique

Dari Podhur, Conseiller
29 Peut, 2025

Table des matières

Introduction

Lorsque plusieurs associés détiennent des parts d’une société, la rédaction d’une convention d’actionnaires constitue un outil fondamental pour garantir une gouvernance harmonieuse, éviter les conflits futurs et encadrer les rapports entre actionnaires. Elle complète les statuts de la société, avec une portée plus confidentielle et contractuelle.

Bien que non obligatoire, ce document de droit privé permet d’anticiper les désaccords liés à la gestion de l’entreprise, à la cession d’actions ou à la répartition des dividendes. Il est particulièrement pertinent dans les sociétés anonymes (SA) et les sociétés à responsabilité limitée (Sàrl), notamment lorsque les actionnaires sont également impliqués dans les opérations courantes.

Quelles sont les situations qui justifient la mise en place d’une convention d’actionnaires ? Quelles clauses sont essentielles à intégrer ? Comment garantir son opposabilité ? Ce guide vous livre un panorama complet des règles à suivre pour encadrer efficacement les relations entre associés.
Qu’est-ce qu’une convention d’actionnaires ?

Qu’est-ce qu’une convention d’actionnaires ?

La convention d’actionnaires est un contrat conclu entre deux ou plusieurs actionnaires, distinct des statuts de la société. Elle vise à régir les relations internes entre associés, ainsi que leurs engagements réciproques. Contrairement aux statuts, qui ont une portée publique et s’imposent à tous, la convention ne lie que les signataires et reste confidentielle.

En droit suisse, cette convention est autorisée tant qu’elle ne viole pas l’ordre public ou des dispositions impératives du Code des obligations. Elle s’applique notamment dans les sociétés anonymes (SA) et peut aussi être utilisée dans les Sàrl ou les sociétés en commandite.

Elle peut contenir des dispositions relatives à :

  • la répartition des pouvoirs,
  • les droits de vote,
  • la nomination des administrateurs,
  • les modalités de cession ou de rachat d’actions,
  • la politique de dividendes,
  • ou encore les règles de gouvernance.
Ce contrat est particulièrement précieux pour les entreprises familiales, les startups, ou les joint ventures, dans lesquelles les enjeux humains sont aussi importants que les données financières.
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Dans quels cas établir une convention d’actionnaires ?

La convention d’actionnaires est recommandée chaque fois que l’on souhaite structurer et protéger les relations entre associés au-delà du minimum imposé par les statuts.

Elle est particulièrement utile dans les situations suivantes :

  • les associés sont liés par des liens familiaux ou amicaux, et souhaitent prévenir les conflits futurs ;
  • un ou plusieurs associés souhaitent limiter l’entrée de tiers dans l’actionnariat (par exemple, en cas de cession d’actions) ;
  • certains actionnaires sont également salariés ou dirigeants de l’entreprise, ce qui impose une coordination entre leur rôle opérationnel et leur statut d’associé ;
  • la société accueille de nouveaux investisseurs ou partenaires stratégiques avec des droits particuliers ;
  • les associés souhaitent encadrer la valorisation des actions en cas de départ ou de désengagement.
En résumé, la convention permet d’apporter de la sécurité, de la clarté, et de la prévisibilité dans les relations entre partenaires.

Les clauses essentielles à inclure

Bien qu’adaptée au contexte spécifique de chaque société, une convention d’actionnaires efficace comprend en général plusieurs catégories de clauses-clés. Voici les principales à considérer.

Le droit d’emption

Le droit d’emption donne à un actionnaire le droit d’acheter les actions d’un autre actionnaire, dans certaines situations bien définies. Ce mécanisme vise à éviter l’entrée imprévue d’un tiers dans l’actionnariat.

Les cas typiques de mise en œuvre sont :
  • le décès d’un associé ;
  • l’invalidité permanente d’un actionnaire impliqué dans l’opérationnel ;
  • la violation grave de la convention par l’un des signataires ;
  • la rupture du contrat de travail d’un associé employé de la société ;
  • la mise en gage ou le transfert d’actions en violation de la convention.
Cette clause permet donc de garantir la continuité du cercle des associés en donnant aux autres actionnaires un droit de rachat prioritaire. Les modalités de valorisation (expert indépendant, formule prédéfinie, etc.) doivent être clairement établies.

Le droit de préemption

Le droit de préemption permet aux actionnaires existants de se porter acquéreurs en priorité des actions d’un associé souhaitant céder ses titres. Il est déclenché lors d’une vente planifiée à un tiers.

Ce droit est très fréquent dans les sociétés à capital fermé, car il évite de perdre le contrôle de l’actionnariat. Les statuts peuvent mentionner ce principe, mais la convention va plus loin en détaillant :
  • les délais de notification et de réponse ;
  • les modalités de calcul du prix ;
  • la procédure en cas de désaccord entre parties ;
  • le partage des actions si plusieurs associés exercent leur droit simultanément.

L’obligation d’achat

Certaines conventions imposent à un actionnaire de vendre ses actions dans des cas prédéterminés. Il s’agit d’une clause contraignante, qui complète le droit d’emption.

Exemples de déclenchement :
  • départ volontaire ou licenciement d’un associé salarié ;
  • changement d’activité ou de secteur professionnel ;
  • perte de la majorité au sein d’un groupe d’actionnaires ;
  • réalisation d’un certain seuil de valorisation.
Ce type de clause vise à sécuriser la sortie d’un associé devenu inactif ou minoritaire, tout en protégeant la stabilité de l’actionnariat.

Adam Abdellaoui

Hors-lieu
+41 (44) 5152530
Les modalités de cession d’actions

Les modalités de cession d’actions

Une convention d’actionnaires bien rédigée prévoit avec précision les règles applicables en cas de cession d’actions, que ce soit entre associés, à un tiers, ou dans le cadre d’une réorganisation. Elle permet de maintenir l’équilibre entre les intérêts individuels et la stabilité du groupe.

Procédure de notification

L’actionnaire souhaitant céder ses titres doit notifier son intention aux autres signataires, en précisant :
  • le nombre d’actions concernées ;
  • l’identité de l’acheteur potentiel (le cas échéant) ;
  • les conditions de vente envisagées (prix, délai, garanties).
La convention peut imposer un délai minimal de préavis ou la présentation d’une offre formelle.

Modalités de valorisation

L’un des points sensibles lors d’une cession est la détermination du prix de vente. Pour éviter tout litige, plusieurs méthodes peuvent être prévues :
  • recours à un expert indépendant (fiduciaire, réviseur agréé) ;
  • application d’une formule prédéfinie (multiples de résultat, valeur patrimoniale, etc.) ;
  • prise en compte de la valeur inscrite dans les derniers comptes certifiés.
La convention doit aussi prévoir qui prend en charge les frais d’évaluation.

Délais et priorités d’achat

En cas de droit de préemption ou d’emption, les délais suivants peuvent être fixés :
  • délai de réponse des autres actionnaires (ex. : 30 jours) ;
  • délai maximal pour la réalisation de la transaction ;
  • priorité en faveur de certains associés (fondateurs, majoritaires, etc.).
En définissant ces paramètres, la convention sécurise les transmissions et évite les blocages ou les ventes forcées.
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Le droit de reprise ou de sortie conjointe

Deux clauses complémentaires peuvent être insérées pour encadrer les mouvements d’actionnaires dans certaines situations stratégiques.
  • Clause de sortie conjointe (tag along)
    Elle permet aux actionnaires minoritaires de se joindre à une vente initiée par un actionnaire majoritaire. Si ce dernier vend ses actions à un tiers, les minoritaires peuvent exiger d’être inclus dans la transaction aux mêmes conditions.

    Cela garantit une égalité de traitement et protège les intérêts des petits porteurs en cas de changement de contrôle.
  • Clause d’entraînement (drag along)
    Inversement, cette clause permet à un majoritaire d’imposer la vente aux minoritaires, si un acheteur propose de reprendre 100 % du capital. Elle évite de bloquer une opportunité stratégique, par exemple en cas d’offre de rachat par un groupe.
La gouvernance

La gouvernance

Une convention d’actionnaires peut également définir les règles de gouvernance de la société, au-delà des obligations prévues par les statuts. Elle permet d’encadrer plus finement la répartition des rôles, les prises de décisions et l’organisation des pouvoirs.

Parmi les éléments à encadrer :
  • la composition du conseil d’administration et les modalités de nomination ou de révocation ;
  • la désignation d’un président, de comités spécialisés ou d’un administrateur indépendant ;
  • les droits de veto accordés à certains associés sur des décisions stratégiques (acquisition, emprunt, cession d’actifs, etc.) ;
  • les modalités de convocation et de vote aux assemblées générales ou réunions des actionnaires.
Cette gouvernance contractuelle permet d’instaurer un équilibre entre partenaires fondateurs, investisseurs et dirigeants opérationnels.

La politique de dividendes

La répartition des bénéfices peut aussi faire l’objet d’une clause spécifique. La convention peut définir :
  • une politique de distribution automatique à partir d’un certain seuil de résultat net ;
  • une réserve obligatoire pour investissement ou remboursement de dettes ;
  • un mécanisme d’arbitrage en cas de désaccord entre associés sur l’affectation du résultat.
Cette clause permet d’aligner les attentes financières des actionnaires, et d’éviter les conflits liés à la non-distribution des dividendes.

Les sanctions en cas de violation de la convention

La convention doit enfin préciser les conséquences en cas de non-respect de ses clauses. Les sanctions peuvent être :
  • la nullité de la vente ou de l’acte effectué en violation du contrat ;
  • le transfert forcé des actions au prix convenu ;
  • le versement de dommages-intérêts aux autres signataires lésés ;
  • la clause pénale fixant une indemnité forfaitaire automatique.
Une clause d’arbitrage ou de médiation peut également être prévue pour régler les différends hors des tribunaux, de manière confidentielle et rapide.

Conclusion

La convention d’actionnaires constitue un outil stratégique essentiel pour garantir l’harmonie et la stabilité dans la gouvernance d’une entreprise. En anticipant les situations sensibles — cession de parts, désaccords, réorganisation — elle permet d’établir des règles claires, transparentes et équilibrées entre associés.

Souple, personnalisable et confidentielle, elle complète efficacement les statuts et reflète les volontés spécifiques des partenaires, tout en offrant une sécurité juridique appréciable. Pour qu’elle soit pleinement efficace, sa rédaction doit être soignée, adaptée au contexte de l’entreprise et régulièrement mise à jour.

Faire appel à un conseil juridique spécialisé est fortement recommandé pour garantir la validité des clauses, leur compatibilité avec le droit suisse, et assurer la protection de toutes les parties.

Adam Abdellaoui

Hors-lieu
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FAQ : La convention d’actionnaires

C’est un contrat privé entre actionnaires visant à encadrer leurs relations, leur comportement au sein de la société et à compléter les statuts sur des aspects confidentiels.
Avertissement juridique. Cet article ne constitue pas un conseil juridique et ne crée pas de relation avocat-client. Il est fourni uniquement à des fins d’information.
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